Repliée dans son fauteuil tête baissée, si à première vue Célia semble timorée, elle cache bien son jeu. De taquineries en boutades, cette jeune fille handicapée psychomoteur ne manque pas une occasion de se moquer des autres, surtout de la gente masculine. « Parce que les filles sont plus fragiles », précise-t-elle. Son papa Jean-Louis reste la bête noire de la famille. « Célia elle taille, elle taille, elle taille » s'exclame-t-il à longueur de journée. Il faut dire que la jeune fille de 11 ans a été élevée dans un climat particulièrement propice à la dérision. Née d'une maman professeur d'histoire géo particulièrement moqueuse et d'un papa plasticien déjanté, le maître mot de la famille est « humour !». Au sein du jumbo, elle en a surnommé plusieurs comme le motard Charlot qui est devenu « gros bébé » ou Thierry, le papa de Cindy, qui a hérité du sobriquet « le gros ».

Moqueuse, impatiente elle serait même un brin dictatrice « Quand elle était petite, Célia ne supportait pas que je sorte le soir mais j'ai toujours su recadrer la situation » avoue son père. Elle sait ce qu'elle veut et elle a plus d'un tour dans son sac pour arriver à ses fins. Un matin du jumbo, Célia a même réussi à avaler deux petits déjeuners en prétextant à Laetitia qu'elle n'avait encore rien mangé alors que Renée venait de reposer la cuillère. 

Par contre lorsqu'il s'agit de son petit frère, Alexis, Célia n'est plus la même. Elle prend son rôle de grande sœur très à cœur et sait être responsable. Alexis livre même, « Elle est parfois un peu embêtante ». 

Scolarisée au centre Henri Gorman à Ecully où elle passe ses jeudis soirs, Célia évolue dans une famille soudée mais libre et tournée vers l'extérieur. Des exposition de peinture aux soirées chez les amis de ses parents en passant par des séances d'art thérapie avec son père, tout est bon pour l'épanouissement de Célia.

Elle baigne aussi depuis toute petite dans un esprit d'aventure. A un an elle prend l'avion pour la première fois et s'envole pour l'Ile de la Réunion. Plus tard elle a visité San Francisco, la France et l'Europe, des voyages responsables de son tempérament casse-cou.  Aujourd'hui si on lui demande son activité préférée du jumbo, elle répond « le quad ».

« Lorsque l'on a appris que Célia était handicapée, ça n'a pas été facile et sa maman s'était fixée un but : que Célia ait un fou rire par jour », explique son père Jean-Louis. Une sacrée méthode pour dédramatiser et évacuer une situation pas toujours évidente. En tout cas les remarques et le sourire de Célia ont fait vivre le jumbo, objectif atteint.